53e étape Conakry-Freetown (68 milles)
A la fin du XVIIIe siècle, observant dans leurs bilans que, à la différence de ces nouvelles machines à vapeur, les esclaves se reproduisent tout seuls, qu'il faut les nourrir et que parfois il se rebellent, les financiers firent de l'abolition de l'esclavage une urgente nécessité. Pragmatiques, les britanniques ont calculé que le moins coûteux était de rapporter la marchandise là où l'avait trouvée : en Afrique.
C'est donc l'oeil embrumé d'une sincère émotion que l'on remit les affranchis dans des bateaux, y compris ceux qui avaient cru bon de s'établir outre-manche. Ils furent débarqués sur un éperon rocheux entouré de marais dans l'ouest-africain dont les britanniques, qui avaient piqué le coin aux portugais, n'avaient plus l'usage. Freetown, terre de liberté, était née.
Pour la première fois, l'humanisme fut utilisé par les financiers comme instrument de propagande.
Le contrôle de l'exploitation des diamants a entraîné le pays dans les années 1990 dans la tourmente de la guerre civile du Liberia voisin. Une paix fragile existe depuis 2002.
Le PIB de la Sierra Leone est de 2,3 milliards de dollars. L'espérance de vie y est de 48 ans. Les enfants continuent de travailler dans les mines de diamant. Le gouvernement n'a pas les moyens de les scolariser.
La Sierre Leone est le dernier pays du classement de l'indice de développement humain.
30 mars, 7 heures. Dernier plein de carburant possible : ensuite, je ne devrai trouver que du Jet A1. Une pareille aventure, en réalité, ne pourrait s'envisager sans un avion d'assistance. Un DC3, ça irait bien !
Moteur.
Je demande l'autorisation de décollage. Ne pas oublier les Ray-Ban !
Pendant que je remonte la piste, un Caravan est autorisé à atterrir.
Il est bon pour une remise de gaz.
Décollage.
Je reste à 4 500 pieds...
... et zigzague entre les nuages.
Après trois cumulus, il faut déjà demander à atterrir.
Encore un petit contournement. Le VFR, c'est le VFR !
Piste en vue. Freetown est de l'autre côté de l'estuaire, sur le relief que l'on aperçoit à travers le pare-brise. On s'y rend en hélicoptère, en hovercraft ou en ferry selon ses moyens.
Heu... j'ai un peu overshooté la piste, là.
Posé pas cassé.
Demande parking.
7h41, je coupe le moteur.
22 minutes de vol, 38 de bloc à bloc, GS moyen 186 Kt, 28 gallons consommés.