60e étape Abuja-N'Djamena (495 milles)
Il y a du pétrole au Tchad. En Afrique, on commence à en avoir l'habitude. Au sud, il est exploité par un consortium mené par Exxon qui exporte sa production via un oléoduc aboutissant au terminal de Kribi au Cameroun. A l'ouest, il existe des gisements non exploités, accordés à Exxon, qui permettraient d’alimenter une raffinerie rendant le Tchad autosuffisant, ce qui n'est pas le cas puisque le pétrole des gisements du sud est exporté... Autosufissant ! Pis quoi encore ! Pas rentable pour Exxon.
A l'est. Non. A l'est, faut rien dire. C'est la frontière avec le Darfour soudanais. Rien n'est encore réglé par là, donc il n'y a pas de pétrole. Juste les soulèvements spontanés d’une population méchante qui cultive exprès des 4x4 Toyota, des kalachnikovs et des canons de 105. Ça pousse tout seul dans ce pays, sans aucun doute possible, parce que ce n’est pas avec un dollar par jour qu’ils pourraient se payer ça.
Au nord, dans le Tibesti, il y a de l'uranium. Uranium, Tibesti, Hissen Habré, courbettes à Khadafi. Allons, je m'égare complètement, là. Le Tchad est un pays souverain et tant pis si la population tchadienne pense le contraire. De toute façon, elle ne connaît rien aux délicates équation de la démocratie. C’est pourtant simple la démocratie : pétrole + uranium + Kadhafi + Areva + Exxon = Idriss Deby Itno président de la république. Si l’on change un terme à droite, faut en changer un à gauche.
N'Djamena a été fondée le 29 mai 1900 sur l'emplacement d'un petit village kotoko sous le nom de Fort-Lamy, en souvenir du commandant François Joseph Amédée Lamy. Le 6 novembre 1973, le président François Tombalbaye la renomme N' Djaména, du nom d'un village arabe voisin (Am Djamena, signifiant le lieu où l'on se repose).
Allons nous y reposer !
13 avril, 6 heures virtuelles. Il fait beau et ce sera un VFR direct au GPS.
Point d'arrêt piste 22. J'attends un Learjet en finale. Un VIP ayant rendez-vous avec le gouvernement nigérian ?
Autorisé au décollage.
Alignement...
... et hop !
Ce sera un cap au 071 vers le niveau 350. Je vais encore titiller ce niveau pour confirmer les performances du Spit à cette altitude en prévision des très longues étapes à venir.
En montée, pépère.
Pile-poil sur le track, toutes les petites aiguilles à leur place. Cela ne dure jamais très longtemps.
Au dessous, le plateau de Jos, haut lieu de l'histoire de la métallurgie africaine.
Au niveau 350. Le bleu du ciel africain s'approfondit. Je me vautre et redescends...
... au FL 325. Ce sera, suite à ce dernier essais, mon altitude maximum de croisière. GS 354 Kt avec 2Kt de vent. Ça me va.
Survol du Komadougou Gama, qui se jette dans le lac Tchad. Sur Google Earth, un raccord d'image le représente comme une retenue d'eau, ou non, suivant la photo.
7h31 début de la descente. Pas d'annonce à faire. Monotone, parfois, ces vols en solo.
La ville nigériane en dessous s'appelle Bama. 120 000 habitants.
Bref survol du nord-Cameroun.
Autorisé piste 5. Approche par RAKUT.
Je suis toujours obligé de trimer pour tenir la pente en approche à 120 Mph. Pas vu ça sur les vrais Spit. Ils descendent sans trim, profondeur à zéro. Si quelqu'un a des infos...
Courte finale.
Tit rebond, comme toujours...
Posé pas cassé.
Roulage vers le parking...
7h59 : je coupe le moteur.
1h43 de vol, 1h54 de bloc à bloc, GS moyen 228 Kt, 129 gallons consommés pour 170 prévus ! Le FL 325 a du bon.